Port Atlantique La Rochelle: Un ballet savamment orchestré

La pilotine se rapproche de l'African River. (photo Y. P.)

Pas facile sans artifice de faire rentrer un fil de laine dans le chat d’une aiguille ! C’est à cet exercice que se livrent pourtant quotidiennement les pilotes de ports supervisant les manœuvres finales des tankers et autres cargos.

Après une dernière relecture des informations concernant le cargo à prendre en charge ce jour-là, Pierre Gloor, pilote de port au syndicat de La Rochelle, embarque à bord de la pilotine, petite vedette rapide dont une des particularités est de ne pas être pourvu de bastingage, pour se rendre à la rencontre de l’African River.
Après une étrange danse, oscillant constamment entre patinage artistique et dérapage contrôlé sur les quelques vagues du pertuis, le cargo chargé de bois se fait de plus en plus gros au travers des hublots. C’est une fois à coupe sur la partie la plus protégée du vent que la difficulté de la mission commence. En effet, en guise de seul moyen pour monter à bord, le pilote ne dispose que d’une échelle de corde et bois haute de 7 à 8 mètres… La chance de ce jour est la visibilité diurne et ainsi qu’une météo clémente. Une fois embarqué, la partie sportive n’est pas pour autant terminée. C’est au prix de l’ascension des escaliers permettant de gravir les
9 ponts du navire qu’enfin le pilote peut saluer l’équipage et partager un café de bienvenue avec le commandant du bord.
Le pilote devient chef d’orchestre
C’est en anglais et avec beaucoup d’humilité que Pierre Gloor indique alors à l’équipage les rectifications de cap à effectuer, et la puissance à afficher pour la conduite du moteur. Tout en s’approchant de ‘Chef-de-Baie 3’, le pilote devient de moins en moins loquace. En effet, vu le temps nécessaire au moindre changement de direction du cargo, la moindre seconde d’inattention peut bien être préjudiciable à sa bonne présentation dans les eaux du port.
Pris en charge, dans un premier temps par l’équipage du remorqueur ‘Belle-Île’, et ensuite par celui du lamaneur ‘Juliar’, le pilote devient alors le chef d’orchestre d’un ballet ou un simple couac pourrait bien être lourd de conséquences.
Enfin, c’est au prix d’une parfaite coopération avec ces gens de mer et de l’équipage de l’African River, ayant comme il aime à le dire réussi une manœuvre élégante, que 45 mn après être monté à bord, Pierre peut de nouveau regagner son bureau, comme si de rien n’était, non sans avoir au préalable pris le temps de faire émarger le bon de pilotage au commandant du navire, et emprunté cette fois-ci une échelle en dur pour mettre pieds sur la terre ferme !

Source: l’Hebdo de Charente Maritime