Brest: au cœur du Seamen’s Club

C’est l’histoire d’un voyage immobile, à la rencontre de marins qui viennent des autres bouts du monde. Ce livre intitulé Voyage au cœur du Seamen’s Club est signé Josiane Guéguen.

Avant de faire une longue carrière de journaliste pour Radio France, Le Télégramme puisOuest-France à Brest, elle avait répondu à l’appel de la mer. Tout juste sortie d’une école de pêche à Lorient, ce rêve de gosse fut vite brisé par un mal de mer tenace. Une fois à la retraite, comme un pied de nez au destin et pour briser le sortilège – même si elle ne s’est jamais vraiment éloignée du rivage -, Josiane Guéguen a répondu à l’invitation de l’association Enki, organisatrice du festival de carnets de voyage Ici & ailleurs.
Depuis 2011, Enki a choisi de mettre en valeur le travail des hommes dans le monde maritime et portuaire. Fruit d’une résidence artistique en forme d’immersion (une soixantaine de permanences), Voyage au cœur du Seamen’s Club est aussi un travail documenté. L’ouvrage replace dans une perspective mondialisée le portrait de ces marins de passage ainsi que celui des personnes qui font vivre ce lieu.

Lieu méconnu

Certes discret, placé dans l’arrière-cour de l’hôtel des Gens de mer, le Seamen’s Club est un de ces endroits méconnus des Brestois. Il n’est pourtant pas confidentiel. Des bénévoles y proposent gratuitement un accueil chaleureux en plusieurs langues : anglais, français ou espagnol, à une majorité de Philippins, Indonésiens, Indiens, Algériens, Ukrainiens, Malgaches… « Et un Japonais. » On y trouve un billard pour briser la glace, des postes informatiques pour communiquer avec la famille restée au pays, un café et même une petite boutique de souvenirs. « Ils achètent surtout des casquettes Paris, du parfum et des petites Tour Eiffel », s’amuse Josiane Guéguen.

Anecdotes touchantes

C’est ce quotidien à la fois hyper localisé et international qui est raconté dans son livre. L’auteur y raconte des anecdotes touchantes, des confidences d’un soir, le récit de rencontres parfois intimistes, souvent éphémères. « Ils ne disent jamais au revoir. Au départ, réflexe de journaliste oblige, je leur sautais dessus pour obtenir quelques mots puis avec le temps, j’ai compris qu’il fallait opter pour l’attente pour que les langues se délient. »
Certains personnages l’ont marqué plus que d’autres : « Christos, le marin grec malgré lui, Adrien, le dernier matelot belge et des marins philippins embarqués sur un grand chalutier espagnol qui m’ont vraiment touchée. »

Source: www.lecourrier-leprogres.fr